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Les médias et les intellectuels français se délectent des polémiques qui agitent les Etats-Unis à propos du darwinisme. Il est vrai qu’il y a de quoi. Entre les créationnistes qui aimeraient enseigner aux petits Américains que la Terre a été créée il y a 10.000 ans, et les partisans de l’intelligent design qui aimeraient introduire l’idée de « destin » et de
« finalisme » dans la science, il y a de quoi rester pantois. Quand on apprend de surcroît que 46% des Américains nient le fait que les être humains puissent descendre d’autres espèces animales, on comprend qu’on puisse avoir tendance à se sentir supérieurs.
Mais est-ce bien justifié ? Ou plus exactement, sur ces questions comme sur d’autres, ne ferions-nous pas mieux de balayer devant notre porte ?
Premièrement, est-il vraiment acquis que l’adhésion au darwinisme est plus répandue en France qu’aux US ? Malheureusement, je n’ai pas trouvé un seul sondage à ce sujet. Donc rien ne permet d’en être absolument certain. Et quand on lit dans Le Monde que 32% des 16-25 ans déclarent, à propos du don d’organes, qu’il est « important d’arriver entier dans l’au-delà », on peut avoir des doutes sur leur adhésion à une théorie qui affirme que l’homme aurait un ancêtre commun avec la termite.
On peut avoir d’autant plus de doutes – et de raisons de balayer devant notre porte – que le manque de culture scientifique en France est flagrant. On ne compte pas le nombre d’intellectuels, de journalistes ou d’enseignants qui ne font pas la différence entre d'une part des spéculations philosophiques et de l'autre des théories falsifiables validées par des études empiriques. Cette phrase de Wyplosz (qui fait d’ailleurs écho à mon post sur l’enseignement de l’économie) est à cet égard particulièrement pertinente :
« Nous adorons nous offusquer des fondamentalistes religieux américains qui veulent que l'on n'enseigne plus le darwinisme sans présenter comme également valide le créationnisme, la croyance que Dieu a fait le monde. Mais nous trouvons normal de présenter à égalité les lois du marché et des fadaises marxisantes ».
Sans compter qu’il existe bel et bien un néo-créationnisme en France, lequel a eu récemment table ouverte chez Arte (ce qui confirme l’idée précédente). Cette chaîne a en effet diffusé un film intitulé « Homo sapiens, une nouvelle histoire de l’homme », lequel présente des travaux (ceux d’Anne Dambricourt-Malassé) qui prétendent réintroduire une « logique interne » à l’évolution et à l’apparition de l’homme, alors que la théorie scientifique ne peut admettre que le hasard et la nécessité. Bien sûr, cet avatar de l’intelligent design n’a pas un retentissement aussi important qu’aux US, mais ce n’est pas une raison pour en négliger l’importance.
Mais surtout, ce qui fait que nous n’avons pas vraiment de leçons à donner, c’est que la raison pour laquelle l’enseignement du darwinisme n’est pas contesté en France est peut-être que le darwinisme n'y est pas enseigné du tout !
Aussi incroyable que ça puisse paraître, les mécanismes de la théorie de l’évolution ne sont pas enseignés dans le secondaire (du moins pas selon les programmes de l'éducation nationale). Les programmes précisent certes qu’il faut enseigner l’idée d’évolution, en parlant notamment du concept de « chaîne des espèces », mais jamais les deux mécanismes centraux du darwinisme que sont la mutation et la sélection ne sont censés être enseignés, pas plus que les faits empiriques tendant à valider la théorie. Or si on ne fait pas un effort pour expliquer la puissance de la théorie de Darwin, il y a peu de chances qu’une grande majorité des gens y adhère, tant elle peut être contre-intuitive (nos intuitions sont « fixistes » : nous nous représentons instinctivement chaque espèce comme ayant une « essence » immuable).
Mais ce n'est pas tout : parmi les Français qui adhèrent au darwinisme, la plupart en ont une vision à peu près fausse.
On croit généralement que les animaux ont évolué de sorte à avoir tendance à agir pour le bien du groupe, de l’espèce ou de l’écosystème. A première vue, en effet, cela paraît compatible avec les idées de Darwin, comme le montre cet exemple : « Si, dans le passé, il y a avait eu dix populations de lemmings, neuf avec des lemmings égoïstes qui, en se nourrissant, auraient fait mourir de faim leur groupe, et un groupe dans lequel certains seraient morts pour que les autres puissent vivre, le dixième groupe aurait survécu et les lemmings d’aujourd’hui seraient prêts à procéder au sacrifice ultime » (Steven Pinker, Comment fonctionne l’esprit).
Or les darwinistes contemporains s’accordent pour rejeter un tel mécanisme comme extrêmement improbable, parce que l’équilibre obtenu n’est pas viable. Il suffit en effet que naisse, au hasard des mutations génétiques aléatoires, un lemming égoïste pour que le groupe de lemmings altruiste disparaisse. Car le lemming égoïste bénéficiera de l’altruisme des autres sans rien donner en retour, et aura donc davantage de succès dans la survie et la reproduction que ces derniers. Par conséquent, les égoïstes feront davantage d’enfants que les altruistes et se répandront plus rapidement dans la population de lemmings, jusqu’à devenir majoritaires, même si le groupe (ou l'espèce) est au final plus mal loti.
Cet exemple simple met en évidence le cœur de la théorie moderne de l’évolution : ce qui fait l’objet d’une mutation et d’une sélection, ce ne sont pas les espèces, ni même les individus. Ce sont les gènes. Les gènes qui ont provoqué l’apparition des yeux chez certains animaux ont été sélectionnés au cours du temps parce que les animaux en question qui ont pu voir leur environnement ont eu davantage de succès reproductif que les autres. Et, de même, les gènes qui poussent tous les animaux à se préoccuper davantage de leur propre progéniture que de celle d’autrui se sont davantage répandus parce que les animaux qui s’occupaient davantage des enfants d’autrui que des leurs ont eu beaucoup moins de petits-enfants que les autres. Leurs gènes (en particulier ceux qui les poussaient à agir de la sorte) ne se sont donc pas répandus et ont fini par disparaître.
C'est pourquoi on peut observer que dans La marche de l'Empereur, les parents pingouins font des kilomètres pour chercher de la nourriture à leur propres enfants : ils n'accepteraient pour rien au monde de donner le produit de leur effort à d'autres bébés pingouins, fussent-ils plus nécessiteux (comme le voudrait pourtant "le bien de l'espèce").
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Ayant subi personnellement l’enseignement de l’économie (pardon, des « sciences économiques et sociales » - SES) au lycée, j’ai un petit commentaire à faire sur une question qui fait l’objet de débats récurrents.
Passons sur le fait qu’on s’est cru obligé d’accoler la sociologie à l’économie, comme s’il avait fallu rééquilibrer une discipline « de droite » par une discipline « progressiste ». Passons également sur l'orientation idéologique que d'aucuns prêtent aux enseignants de cette matière.
Les défauts de cet enseignement sont multiples, mais ils sont bien résumés par cet extrait de mon manuel de terminal (qui date de 1995, mais on devrait trouver la même chose aujourd’hui) :
« Les uns, dans la lignée classique, considèrent que le chômage résulte d’une insuffisance de flexibilité des salaires sur le marché du travail, et vont même jusqu’à dénoncer toutes les sources de rigidités : présence des syndicats, législation du travail contraignante, rendant impossible un ajustement rapide des effectifs aux fluctuations de la demande de biens… Les autres, dans une perspective plus keynésienne, attribuent le sous-emploi à l’insuffisance de la demande, et revendiquent à ce titre la mise en place de politiques de relance. A la marge de ces théories qui intègrent malgré tout la possibilité d’une solution se trouvent les analyses marxistes qui, au contraire, voient dans cette montée du chômage l’exacerbation des contradictions du capitalisme ».
Ces lignes sont issues de la catégorie « l’essentiel », qui résume ce qu’il faut retenir sur la question du chômage. Et voilà sans doute ce que les élèves qui n’ont pas la chance de faire de l’économie par la suite retiennent de cette discipline et des problématiques économiques.
Et c’est tout simplement criminel. Parce qu’on met sur le même plan des « théories » comme le keynésianisme et le marxisme. Parce qu’on oppose de manière absolument caricaturale libéraux et keynésiens (en laissant entendre que les premiers sont anti-sociaux et les seconds raisonnables).
Et surtout, on laisse penser que les économistes sont foncièrement en désaccord sur l’essentiel (alors qu’ils ne diffèrent que sur des aspects secondaires). Que l’économie est composée de grosses théories inspirées par des considérations politiques (alors que tout l’intérêt de cette discipline est de mettre en lumière des mécanismes et d’en montrer la validité empirique). Et donc qu'on peut juger la validité des théories à l’aune de leur acceptabilité politique (plutôt qu’à leur puissance empirique).
Alors bien sûr, on apprend des choses, en SES (ce qu’est un PIB, la segmentation du marché du travail, quelques chiffres utiles à savoir, etc.), mais on en ressort avec une telle vision de la science économique que le bilan paraît très négatif.
Encore une fois, le problème n’est pas tant que les enseignants ou les programmes soient potentiellement orientés idéologiquement. Le problème est que l’enseignement des SES tire la science économique vers les travers de la mauvaise sociologie (confusion entre raisonnement positif et normatif / absence de théorie falsifiable avec validation empirique crédible, etc.).
On sort de terminale en pensant que l’économie, c’est un débat d’idées entre ATTAC et Pascal Salin, alors que c’est en réalité un débat scientifique entre (par exemple) Blanchard et Wyplosz.
O. Ouba-Olga disait dans une note : « La méconnaissance de l'économie tient sans doute plus au fait que nombre de personnes ne recoivent jamais de formation en économie, qu'aux programmes de l'éducation nationale ou à l'idéologie des enseignants ».
Ce raisonnement de bon sens ne doit pas masquer les ravages potentiels de l’enseignement des SES au lycée.
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Mon dernier billet avait pour but de montrer que les résistances provoquées par le rapport de l’INSERM chez les professionnels de la petite enfance ne prouvaient en rien que les experts de l’INSERM avaient raconté n’importe quoi.
Cela ne signifie pas que le rapport de l’INSERM ne peut pas être critiqué. Il peut et doit l’être, au contraire, à la fois sur un plan scientifique (ses thèses empiriques sont-elles vraies ?) et sur un plan politique (ses préconisations sont-elles désirables ?).
Le véritable problème est l’aspect caricatural de la plupart des arguments des opposants du rapport (voir la pétition et cet argumentaire). On peut en passer en revue certains :
Dans le champ de la santé, quand les institutions scientifiques ne se préoccupent pas des valeurs qui sous tendent les hypothèses de la recherche, (…), quand elles ne placent pas l’humain au centre de leurs débats, loin de servir l’avancée de la connaissance, elles dévalorisent le concept même d’approche scientifique.
Mais que diable signifie placer l’humain au centre des débats scientifiques ? S’agissant des troubles de conduite, le rôle de la science est de déterminer les causes, les symptômes, les conséquences de ces troubles, ainsi que les moyens de les guérir. C’est au politique qu’il revient de dire que telle ou telle méthode, bien qu’efficace, n’est pas désirable (par exemple parce qu’elle peut entraîner des effets pervers).
Nous refusons que les institutions de santé, d’éducation, d’action sociale voient leurs missions détournées vers la surveillance ou le contrôle des familles et des enfants, à des fins de sécurité et d’ordre public. Le risque en est principalement la confusion des rôles entre la sphère de la santé, celle de l’éducation, celle de la police et celle de la justice.
Là c’est plus clair, mais on ne voit pas bien où est l’argument. Si les institutions de santé, d’éducation et d’action sociale soulagent efficacement le mal-être des enfants victimes de troubles de conduite, et que cela conduit de surcroît à diminuer la délinquance, on ne peut que s’en féliciter. De même, si l’action sociale, en diminuant la pauvreté, contribue à accroître la sécurité, alors on ne peut que s’en féliciter.
Nous défendons le fait que rien n’est définitivement joué dans l’histoire d’un être humain. Pas plus à 3 ans qu’après. Même s’il est vrai que les interventions précoces permettent d’éviter des souffrances ultérieures, nous sommes persuadés qu’à chaque âge de la vie, il est possible d’intervenir pour soulager la souffrance psychique, réassurer la personnalité, développer de nouvelles compétences, de meilleures capacités de relation.
Ca c’est vrai, rien à redire, si ce n’est que le rapport de l’INSERM ne dit pas le contraire. Il y a quand même une distinction (on ose à peine le rappeler, tant elle est basique) entre probabilité et certitude. On peut avoir une probabilité supérieure (à la moyenne) de commettre des actes de délinquance lorsqu’on souffre de certains troubles, sans que cela ne soit une certitude. Un enfant d’ouvrier a une probabilité inférieure à un enfant de cadre faire des études supérieures, mais rien n’est joué pour autant.
Nous défendons le fait qu’un humain, adulte ou enfant n’est pas un organisme programmé et programmable. Quelque soit le codage de son ADN, un humain n’est pas un simple organisme ; il ne peut être réduit à son capital génétique. L’influence de ses gènes n’est qu’une matrice d’explication de son comportement, de son caractère, de ses talents et de ses limites. Son histoire, ses rencontres, sont également importantes.
Pas d’accord sur des détails (bien sûr que l’être humain est programmé, par exemple à fermer les yeux quelques heures par jour, à avoir envie de se nourrir, etc.), mais d’accord sur le fond. Le rapport de l’INSERM ne dit d’ailleurs pas autre chose : « Les facteurs génétiques augmentent un risque, modifient l’expression d’un trouble, et sont à appréhender dans une dynamique d’interactions entre facteurs étiologiques ». Ou encore : « C’est le cumul de plusieurs expériences défavorables qui semble jouer un rôle dans la survenue, la persistance et la sévérité du trouble des conduites. Il est aujourd’hui admis que des facteurs individuels (génétique, tempérament, personnalité) peuvent rendre les sujets plus vulnérables aux stress environnementaux ».
Nous défendons le fait que les manifestations d’opposition, de désobéissance et de distance par rapport aux normes sociales ne sont pas, en soi, des signes de pathologie. Elles témoignent le plus souvent de mouvements psychiques accompagnant les étapes du développement normal des enfants.
Les symptômes détaillés dans le rapport ne sont évidemment pas réductibles à une simple « manifestation d’opposition ». Comment a-t-on pu faire croire qu’un rapport d’experts reconnus internationalement ait pu être aussi grossier ? Ce n’est évidemment pas parce qu’on a un tempérament un peu malicieux qu’on tombe sous un trouble de conduite !
La prévention des pathologies mentales, ne peut se fonder sur des critères de prédiction. Dans une tentative d’approche globale du sujet, elle doit tenter de décrypter le message dont le symptôme est porteur, de déceler la souffrance sous jacente et ses causes, d’organiser autour de l’enfant et de sa famille, un système de soutien propre à résoudre leurs difficultés, à développer leurs compétences.
Dit-on ici que la prévention ne peut pas ou ne doit pas se fonder sur des critères de prédiction ? Si on ne peut pas, c’est que les critères de prédiction ne sont pas prédictifs, or le rapport montre le contraire. Si on ne doit pas, c’est une autre histoire, mais il faut justifier pourquoi on ne devrait pas utiliser une technique efficace.
Nous refusons la médicalisation des problèmes sociaux, qui met exclusivement l’accent sur des déterminants et la responsabilité individuels des problèmes de santé, en évacuant tous les déterminants sociaux, environnementaux, culturels, politiques, etc., exonérant par la même la société et les pouvoirs publics de leur propre responsabilité.
Que signifie ce gloubi-boulga ? Que les médicaments sont inefficaces ? Probablement pas, sinon ils le diraient. Qu’il faudrait à tout prix cacher le fait qu’ils sont efficaces, parce que cela pourrait éclipser les questions sociales du débat politique ? Si c’est cela, c’est grotesque.
Nous refusons l’abandon d’un modèle « prévenant » de la prévention au profit de modèles prédictifs et déterministes qui font clairement sortir la santé ou l’éducation de leur champ pour être utilisées à des fins normatives.
Là encore, on confond deux questions : 1) est-ce que les modèles prédictifs sont performants ? 2) leur utilisation politique est-elle désirable ? Mais on préfère obscurcir la question, parce que ces modèles sont à l’évidence performants, et qu’il ne reste plus qu’à en attaquer l’utilisation « à des fins normatives ».
Je finis par le plus triste :
Tout en reconnaissant que « l’exposition à un type d’environnement » peut favoriser ou non l’expression des troubles, les auteurs du rapport insistent sur l’importance du « taux l’héritabilité génétique » qui serait proche de 50%. (…). La présentation de ces recherches avec une vision déterministe qui aboutit à des propositions de médecine prédictive fait resurgir des dangereuses thèses déterministes du XIXème siècle où on parlait de « criminels nés » et des « classes dangereuses ».
La seule question pertinente est de savoir s’il est vrai que l’héritabilité génétique est proche de 50% (mon avis est que oui, vu la puissance des arguments présentés dans le rapport). Mais plutôt que de rentrer dans le fond du débat scientifique, on préfère diaboliser la thèse.
Au total, il y a une double inspiration dans cette argumentation. L’une, psychanalytique, qui rejette la biologie contemporaine, les approches statistiques, prédictives, bref, scientifiques de l’être humain. Et l’autre, « gauchiste » qui refuse qu’on puisse trouver à la délinquance d’autres causes que sociales et voit l’approche de l’INSERM comme une insupportable tentative de normaliser les comportements, laquelle permettrait d’éviter de s’occuper des vrais problèmes (sociaux).
Voici maintenant mon humble avis sur ce rapport.
Sur le plan empirique, je ne suis évidemment pas expert de ces questions, mais je sais reconnaître les études puissantes de celles qui ne le sont pas. Et il est manifeste que le rapport constitue une synthèse d’études extrêmement puissantes. Cela ne veut pas dire que tout ce que dit le rapport est vrai, mais il ne fait pas de doute qu’il rassemble globalement ce qui s’est écrit de mieux sur la question. (Pas toujours, cependant, on peut noter par exemple que la section sur les médias et la violence souffre de ne pas avoir pris en compte les travaux de J. L. Freedman, et donc d’être un peu trop affirmative dans ses conclusions). Il appartient à la communauté scientifique de vérifier et de contester les thèses qui sont avancées.
Sur le plan normatif, je ne suis pas opposé à mettre en place le dépistage que le rapport préconise. Un argument qui revient constamment chez ses adversaires (et qui en l'occurence n'est pas fallacieux) est le risque de stigmatisation des enfants. J'estime pour ma part que ce risque est faible, et qu'il est en tout état de cause compensé par l'ensemble des souffrances que cela peut éviter (chez les individus concernés comme chez leurs victimes potentielles).
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L’INSERM a fait paraître l’année dernière un rapport (synthèse ici) intitulé « Troubles de conduite chez l’enfant et l’adolescent ». Ce travail de synthèse de la littérature (majoritairement anglo-saxonne) a fait naître une contestation virulente chez bon nombre de professionnels de la petite enfance, laquelle s’est matérialisée sous la forme d’une pétition que les auteurs ont nommé « pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans ».
Un colloque – rapporté par Libération – s’étant tenu récemment à l’INSERM à ce sujet, j’en profite pour dire à quel point je suis scandalisé par cette polémique et par l’ignorance et la mauvaise foi de la plupart des adversaires du rapport.
Avant toute chose, il ne faut pas se laisser impressionner par la longue liste des psychologues, psychiatres et pédopsychiatres signataires de la pétition. Le même phénomène est à l’œuvre lorsque les enseignants, magistrats et sociologues (pour ne parler que de ceux là) sont confrontés aux mêmes types de défi :
1. D’un point de vue méthodologique, les pédopsychiatres ne peuvent pas évaluer scientifiquement leurs méthodes de traitement, pas plus que les enseignants peuvent évaluer correctement l’efficacité de leur méthode de lecture ou que les juges peuvent évaluer le caractère dissuasif ou non de la sanction pénale. La raison est simple : chacune de ces professions est confrontée à un micro-échantillon à partir duquel on ne peut conclure quoi que ce soit de façon convaincante. Les études statistiques, et en particulier les méta-analyses donnent au contraire des résultats particulièrement puissants, bien que toujours contestables (comme tout résultat scientifique).
2. D’un point de vue plus psychologique, les résistances sont naturelles pour plusieurs raisons :
- Les pédopsychiatres français utilisent des méthodes qui ont peu à voir avec celles préconisées par l’INSERM. Un tel rapport conduit potentiellement à une remise en cause personnelle de leur travail ainsi qu’à une obligation de changer leurs habitudes. Le même phénomène est à l’œuvre chez les quelques enseignants qui ont toujours suivi une méthode semi-globale, ou chez les sociologues « de terrain » qui redoutent (non sans raison) « l’impérialisme » des sciences économiques, et en particulier la théorie du choix rationnel.
- Plus qu’une remise en cause de leurs habitudes, ce type de rapport peut potentiellement ôter tout l’intérêt que bon nombre de pédopsychiatres français associent à leur métier. Car il s’agit moins de construire un traitement individualisé et créatif avec chaque patient que d’appliquer « bêtement » (dans leur esprit) des recettes toutes faites, que ce soit dans le dépistage ou dans le traitement. On retrouve la même réaction chez les juges, dès lors que l’on parle de remettre en cause, même légèrement, l’individualisation de la peine (dans un but dissuasif, par exemple) : appliquer un tarif n’est pas ce que veulent des magistrats qui se sont donnés pour vocation de « scruter les âmes » et de rendre justice.
- Ce type de rapport peut enfin provoquer un rejet « moral » ou « politique » chez ceux qui ont acquis la malheureuse habitude de politiser les données empiriques. En l’occurrence, parler de facteur « génétique » dans les troubles du comportement (lesquels peuvent conduire à la délinquance) choquera ceux qui croient qu’être progressiste consiste à ne croire qu'aux causes « sociales ». De même, la théorie du choix rationnel est rejetée par une grande majorité de sociologues français notamment parce qu’elle est considérée comme plutôt « de droite ». Et de même, la résistance à la méthode syllabique (ou simplement à départ syllabique) vient du fait qu’on l’associe parfois à une nostalgie suspecte, voire réactionnaire.
3. Et puis il y a un autre phénomène, cette fois propre à la question des troubles de conduite. Les psychanalystes français sont contraints d’utiliser toutes les méthodes qui sont à leur disposition pour ne pas disparaître, noyés par l’apport de la biologie moderne et des thérapies cognitives et comportementales. Alors quand sort un rapport scientifique, qui se moque bien de la « subjectivité » et qui ne voit pas pourquoi il serait "anti-humaniste" de mettre en évidence les déterminismes auxquels nous sommes soumis, tout est bon pour le décrédibiliser.
M’étant un peu laissé emporter par mon élan, je reviendrai une prochaine fois sur le contenu du rapport et le fond des critiques.
Rédigé à 18:41 | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
La question posée dans le titre de ce billet peut paraître curieuse. Après tout, lorsqu'on juge et condamne quelqu'un comme Saddam Hussein, ce n'est pas pour que cela serve à quelque chose, mais pour que la justice soit rendue, pour que l'infâme tyran reçoive le châtiment qu'il mérite.
Aussi intuitif que qu'il puisse paraître, ce raisonnement va à l'encontre de tout une tradition de pensée qui considère que le simple "mérite" ou la seule notion de "justice" ne peuvent légitimer la sanction pénale. Comme l'a montré Beccaria, une peine qui ne sert à rien n'est rien d'autre qu'un mal supplémentaire à celui qui a déjà été produit par le crime. Un châtiment dénué d'effets positifs est un mal qui s'ajoute à celui qui a été commis, non un mal qui l'annule : "Les cris d'un malheureux seraient-ils capables de faire revenir le temps passé et de révoquer les actes qu'il a commis ?" Pour le dire autrement, le "mérite" n'est-il pas cette équation mystérieuse, dénoncée par Hart, par laquelle deux maux, la dépravation morale et la souffrance sont miraculeusement transformés en bien ?
Bon nombre de gens sont à peu près d'accord avec cette idée et assignent à l'institution pénale des objectifs pragmatiques, comme la prévention de la criminalité. Mais dès qu'il s'agit de juger des individus ayant commis des crimes odieux, le fait que la sanction produise ou non des conséquences positives devient hors sujet et le châtiment purement rétributif paraît légitime.
Je pense au contraire que le talion n'a pas plus de sens lorsqu'il vise Saddam Hussein que quand il vise Jean Valjean. Alors qu'est-ce que la condamnation d'un dictateur comme Saddam peut produire de bon ?
Certaines des conséquences attendues de la sanction pénale en général sont sans objet dans les cas de ce type. Il ne peut s'agir de favoriser la réinsertion du condamné, ni de le dissuader de recommencer, parce qu'on peut difficilement imaginer infliger une autre peine que la mort ou la perpétuité.
D'autres, en revanche, on plus de sens. Il peut s'agir de "neutraliser" le condamné : laisser Saddam en liberté, ce serait courir le risque qu'il mette en péril la fragile démocratie irakienne.
On peut également attendre de la sanction qu'elle dissuade les autres dictateurs de commettre des exactions, en leur montrant ce qui les attend lorsqu'ils se font déposer. J'avoue que je reste dubitatif quant à un tel effet, mais on ne sait jamais.
Mais le plus important, dans cette affaire comme celle des procès de Nuremberg ou de Tokyo, c'est probablement de permettre au peuple de tourner une page sombre de son histoire et d'aller de l'avant. Par exemple, les victimes de Saddam ne pourraient pas faire confiance au nouveau régime s'il laissait l'ancien dictateur partir en exil (sans compter que cela les inciterait à se faire justice eux-mêmes). Il faut toutefois rester prudent avec ce type de spéculations, car il n'est pas du tout acquis que les effets de la condamnation soient positifs. En l'occurence, on ne peut écarter la possibilité qu'elle contribue au contraire à exacerber les relations entre les communautés irakiennes.
Il n'est donc pas absolument certain que la condamnation de Saddam serve à quelque chose, mais on peut parfaitement penser que ses conséquences seront globalement positives. C'est pourquoi elle ne me choque pas.
Ce qui n'est absolument pas le cas de la chasse aux criminels nazis, qui se poursuit encore aujourd'hui. Quelqu'un pourra peut-être m'éclairer, mais je ne vois vraiment aucune raison de persécuter ces malheureux vieillards.
Rédigé à 12:58 | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
La tribune publiée hier par Gilles de Robien dans Libération me donne l'occasion de revenir sur la polémique extrêmement instructive déclenchée par la circulaire du ministre de l'éducation nationale sur l'enseignement de la lecture.
Le ministre s'est appuyé sur plusieurs travaux scientifiques pour décider d'orienter l'enseignement de la lecture dans un sens plus restrictif que ce qu'autorisaient les anciens programmes. La circulaire recommande d'enseigner le déchiffrage (des lettres en sons) en priorité et de manière précoce. Il s'agissait ainsi de changer les habitudes d'un nombre non négligeables d'enseignants qui mettaient moins l'accent sur le déchiffrage que sur la reconnaissance directe des mots (ce qui constitue une variante de la méthode "semi-globale").
Or que disent les travaux scientifiques existant ? L'étude la plus décisive est celle qui a été menée par le National reading panel aux Etats-Unis, car elle consiste en une méta-analyse de 38 études expérimentales rigoureuses. Les résultats, cités par Frank Ramus, sont clairs : l'enseignement systématique et précoce du déchiffrage est plus efficace, tant du point de vue de la lecture des mots que de la compréhension de texte, et ce tout particulièrement pour les enfants de milieux défavorisés.
Les travaux des neuroscientifiques et des psycholinguistes également cités par de Robien sont beaucoup moins décisifs, parce qu'ils ne consistent pas en l'évaluation directe des effets de l'enseignement des différentes méthodes, mais sont néanmoins parfaitement congruents avec l'étude du National reading panel et contribuent à en expliquer les résultats.
Où est le problème, alors ? Le problème s'appelle égotisme et corporatisme.
D'abord, la circulaire ne peut que déplaire aux enseignants qui ont toujours utilisé la méthode semi-globale sans déchiffrage précoce, et qui pensent (de bonne foi ou non) que des travaux scientifiques et statistiques ne valent pas leur expérience particulière (et limitée).
Et puis il y a le corporatisme éhonté : les syndicats enseignants ont immédiatement brandi la sacro-sainte "liberté pédagogique", ce qui est aussi ridicule et irritant que la tendance des juges à brandir la séparation des pouvoirs à tort et à travers. La loi dit que la liberté pédagogique est encadrée par les directives du ministère, et c'est bien la moindre des choses que d'imposer aux enseignants d'abandonner certaines méthodes quand ces dernières ont fait la preuve de leur inefficacité.
La riposte ne s'est donc pas faite attendre.
D'abord il y a eu l'idéologisation du débat, stratégie extrêmement classique chez les adversaires d'une mesure qui manquent d'arguments sérieux. Certains ont laissé entendre que l'initiative du ministre était purement idéologique et fondée sur une nostalgie réactionnaire de l'école d'antan ("c'était mieux avant"). Ca marche toujours, ce coup là ; plutôt que de débattre du fond, on fait un procès en sorcellerie réactionnaire pour mieux décrédibiliser l'autre.
Ensuite, et de manière beaucoup plus subtile, il y a eu les jeux sur les mots (ou sur les maladresses) du ministre.
- "La méthode globale n'existe plus, le ministre s'attaque à un adversaire fantôme". Oui mais ce que le ministre avait dans son viseur, c'était les différentes variantes de la méthode semi-globale, dans laquelle le déchiffrage n'est pas systématique ou pas précoce.
-"Les programmes de 2002 disaient la même chose", ce qui est non seulement faux mais hors sujet, car si des enseignants résistent, il faut bien jeter un pavé dans la mare, même répétitif (et même outrancier s'il le faut), pour les amener à changer de méthode.
-"Il n'y a pas lieu d'imposer la méthode syllabique". C'est probablement vrai, mais le ministre n'a jamais voulu cela : il s'agissait avant tout d'imposer le déchiffrage précoce (méthode à départ syllabique), ce qui n'empêche pas de "globaliser" l'enseignement de la lecture après un certain temps.
Le ministre a peut-être commis certaines maladresses de langage, mais ce n'est certainement pas une raison pour jeter le bébé avec l'eau du bain. On dira ce qu'on veut, mais s'il n'y avait que 10 enseignants en France qui utilisaient une méthode à départ global, et si l'initiative du ministre les conduit à changer de méthode, alors elle valait mille fois le coup.
Alors on ne peut que saluer le courage d'un ministre qui n'avait que des coups à prendre dans cette affaire, et qui, à mon humble avis, a fait passer l'avenir de milliers d'enfants avant sa tranquillité personnelle en osant attaquer frontalement une partie de sa profession de tutelle. Je suis loin d'être d'accord avec la ligne politique de Gilles de Robien, mais cette affaire l'a vraiment grandit à mes yeux.
UPDATE (15/11). Article du Nouvel Obs : Selon un rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale du 2 novembre, qui a travaillé sur un panel de 200 classes réparties dans 18 académies, l'écrasante majorité des 35 000 instituteurs de CP (...) est dans les clous. (...). Seul 1% d'entre eux, constatent les inspecteurs, n'a pas encore abordé le déchiffrage quatre semaines après la rentrée.
En prenant ces simples chiffres (même s'il y aurait beaucoup à dire), on peut observer que au moins 350 instituteurs enseignent une méthode qui conduira une bonne partie de leurs 8000 élèves à avoir des difficultés de lecture. Disons un sur dix, pour être gentil, et on peut en conclure que 800 bambins partiront dans la vie avec un handicap particulièrement lourd. Et combien étaient-ils avant la circulaire de Robien ?
Nouvel Obs : Pendant un an, l'école a été chambardée pour ce petit 1% d'instituteurs qui s'écarteraient du dogme ? N'y avait-il vraiment pas mieux à faire ?
A l'évidence, non
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Econclaste a récemment posté un billet sur la décision gouvernementale d’interdire le tabac dans tous les lieux publics, et à en juger par le nombre de commentaires, cette question paraît particulièrement sensible.
Quels peuvent être les gains d’une telle mesure ?
D’abord, évidemment, la satisfaction de tous les non-fumeurs qui supportent mal l’odeur du tabac dans les bars ou les restaurants.
Mais surtout, cette mesure évitera incontestablement à un nombre non négligeable de personnes de subir les atroces souffrances qu’entraînent les cancers résultant du tabagisme. Il s’agit :
1. Des non-fumeurs qui subissent les effets du tabagisme passif, à commencer par les personnels des bars-restaurants.
2. Des fumeurs existant qui profiteront de cette interdiction pour arrêter de fumer. On dit que la plupart des fumeurs ont déjà essayé d’arrêter de fumer ; une telle mesure leur facilitera incontestablement la tâche.
3. Des fumeurs potentiels qui ne commenceront jamais à fumer grâce à cette mesure. Car lorsque les adolescents verront les fumeurs endurcis sortir du bar par -5 degrés dehors pour assouvir leur addiction, ils se diront probablement qu’il est plus « cool » de ne pas fumer.
Devant tant de souffrances potentiellement évitées, il paraît difficile de prétendre que les objectifs d’une telle mesure ne peuvent qu’être hygiénistes et moralisantes.
Mais regardons tout de même les coûts de cette mesure. J’en vois deux principaux :
1. Un désagrément certain, pour tous les fumeurs endurcis fréquentant les bars et restaurants.
2. Des difficultés potentielles pour les bars-tabac isolés des zones rurales.
Chacun peut peser les avantages et inconvénients comme il l'entend, mais je trouve pour ma part que les gains d'une telle mesure sont bien supérieurs à son coût, le plus important étant la diminution probable du nombre de fumeurs dans la génération qui vient.
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Le gouvernement a annoncé récemment vouloir faire voter un texte prévoyant le renvoi devant les assises des agresseurs en "bande organisée" de policiers, gendarmes et pompiers. Une telle infraction sera ainsi passible de 15 ans de prison, contre 10 actuellement et sera portée devant un jury populaire.
Cette annonce, à première vue, n'a que des défauts (voir notamment ceux soulignés par Pataxagore). Et peut-être est-elle effectivement mauvaise. Mais on peut lui trouver certaines justifications.
Un des objectifs essentiels de la mesure est manifestement d’augmenter la sévérité des peines réellement prononcées, l’idée sous-jacente étant qu’un jury populaire sera plus sévère que des magistrats professionnels (ce qui n’est pas certain, selon Eolas, mais c’est un autre problème).
On attend ainsi d’une plus grande sévérité de la justice qu’elle décourage ceux qui pourraient être tentés de passer à l’acte. Or si la certitude de la sanction (c’est à dire la probabilité d’être arrêté et condamné) est ce qui importe le plus pour dissuader les criminels, la sévérité de la peine n’est pas totalement dénuée d’effets pour autant, comme le montrent notamment les études de Steven Levitt, l’auteur de Freakonomics.
Dans le cas d’agressions de policiers, cet effet dissuasif potentiel sera d’autant plus probable que ce type d'exactions - du moins les plus graves, celles qui relèveront de la cour d’assise - sont minutieusement préparées et réfléchies, et non spontanées ou impulsives. Il n’est donc pas du tout impossible que le fait de risquer quelques années de prison plutôt que quelques mois puisse décourager une partie de ceux qui pourraient être tentés par ce type de projets. Bien sûr, s’il s’agissait de risquer 15 ans ferme plutôt que 10 ans, l’effet serait certainement nul, mais il ne s’agit pas de cela.
Mais pourquoi, s’il s’agit d’augmenter la sévérité des peines réellement prononcées, ne pas donner des instructions aux parquets en ce sens ? D’abord parce que les réquisitions ne sont pas toujours suivies, ce qui réduit l’efficacité d’une telle action. Mais il existe également une raison plus fondamentale.
Car s’il y a un cas où « l’effet d’annonce » peut être positif, c’est bien celui-là. Le gouvernement est confronté à une épidémie d’agressions de policiers, liée en partie à un effet de mode, ce qui implique que des mesures efficaces à court terme pourraient être de nature à réduire significativement ces violences.
Un moyen de faire peur à ceux qui seraient tentés de passer à l'acte est de brandir publiquement la menace "cour d'assise", avec "jury populaire". Car une plus grande sévérité des sanctions n’a d’effet dissuasif que si elle est connue du plus grand monde, ce qui accentue l'opportunité d'une telle annonce médiatisée plutôt que d'instructions discrètes au parquet, dont les effets - s’ils sont avérés - ne seront pas connus immédiatement.
On peut rapprocher ce cas d'une autre affaire, celle où le ministre de l'intérieur avait menacé pendant les émeutes d'expulser les étrangers participant à celles-ci. Il savait pertinemment qu'il ne pourrait pas en expulser plus d'1%, mais il a brandi cette menace pour tenter de les dissuader, dans un contexte où tout ce qui pouvait contribuer à mettre un terme aux émeutes devait être tenté.
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Et voilà un petit nouveau dans la blogosphère.
Ce blog a l'ambition de donner un éclairage original sur l'actualité, avec l'utilitarisme comme guide et la consilience des savoirs comme méthode.
L'utilitarisme est une philosophie normative qui a été défendue par des philosophes aussi divers que Helvétius, Diderot, Hume, Bentham ou Mill.
Etre utilitariste, c'est souhaiter que la politique se donne pour objectif de promouvoir le bien-être des individus - ou, ce qui revient au même, de minimiser autant que possible leurs souffrances.
Autant dire que l'utilitarisme est un pragmatisme, et que l'auteur de ce blog ne se retrouve dans aucune conception idéologique et prédéfinie de ce que doit être l'action politique (je pense notamment à la "droite" et à la "gauche"). Pour me prononcer sur le bien-fondé d'une politique publique, je ne cherche pas à savoir si elle correspond à telle ou telle valeur, à tel ou tel principe, je m'efforce simplement d'évaluer l'ensemble de ses conséquences sur le bien-être de la population.
La consilience, terme inventé par Edward O. Wilson, le fondateur de la sociobiologie, renvoie à la croyance en l’unité du savoir et de la connaissance.
La consilience signifie que l’ensemble des entités peuplant l’univers – des planètes juqu’aux êtres humains – sont soumis à un seul type de lois, les lois de la nature. Ce naturalisme n'est pas un réductionnisme pour autant : il ne s’agit en aucun cas de
« réduire » toutes les disciplines scientifiques à la science physique. Il s’agit simplement de garder à l’esprit le fait qu'elles doivent être « consilientes » entre elles, c'est-à-dire cohérentes et en continuité les unes avec les autres.
De même que la biologie moléculaire a montré que le vivant étant consilient avec le monde physique – jetant ainsi une passerelle entre biologie et physique – il convient de s’efforcer de penser la biologie, la psychologie et les sciences sociales comme cohérentes entre elles, et de les utiliser de façon complémentaire pour comprendre les comportements humains.
Rédigé à 19:24 | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)